Directeur général QU Dongyu

TREIZIÈME SESSION DU SOUS-COMITÉ DE L’AQUACULTURE DU COMITÉ DES PÊCHES

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

20/05/2025

Mesdames et Messieurs les délégués, 

Mesdames et Messieurs, 

De tous les secteurs producteurs de protéines animales, l’aquaculture est aujourd’hui celui qui connaît la plus forte croissance. 

Elle joue un rôle crucial et dispose d’immenses atouts pour ce qui est de procurer des aliments nutritifs, des revenus et des moyens de subsistance à une population mondiale en expansion, en particulier dans les régions où la faim et la pauvreté persistent. 

Nous devons travailler ensemble pour veiller à ce que l’aquaculture se développe d’une manière durable, qui respecte notre environnement, profite aux populations locales et renforce la résilience face aux défis mondiaux, comme les phénomènes climatiques extrêmes et l’appauvrissement de la biodiversité. 

En 2024, le Comité des pêches a adopté les Directives pour une aquaculture durable, qui ont été élaborées à l’issue d’un processus inclusif et collaboratif et qui constituent le premier accord mondial visant à orienter le développement de l’aquaculture dans une optique de durabilité. 

Ces directives fournissent aux pays et aux partenaires des orientations fondées sur des données scientifiques pour les aider à développer leur production tout en veillant à ce qu’elle soit responsable et respectueuse de l’environnement. 

Elles sont aussi un cadre qui sert de fil directeur aux politiques, aux investissements et aux partenariats pour les années à venir. 

Cette année, la FAO et le Fonds pour l’environnement mondial collaborent au sein d’un programme intégré sur les systèmes alimentaires, qui comprend 10 projets nationaux ayant un volet consacré à l’aquaculture, afin de promouvoir la transformation des systèmes agroalimentaires mondiaux pour les rendre plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables. 

Les initiatives phares de la FAO, comme les initiatives Main dans la main et «Un pays, un produit prioritaire», ainsi que le programme de coopération Sud-Sud et de coopération triangulaire et l’approche «Une seule santé», sont autant d’instruments précieux qui permettent d’oeuvrer plus avant en faveur d’une aquaculture durable grâce à des solutions fondées sur la science. 

Mesdames et Messieurs, 

La transformation bleue est une stratégie de la FAO qui vise à développer les systèmes alimentaires aquatiques et à accroître leur contribution à l’élimination de la faim et de la pauvreté, dans le respect des principes de durabilité, de résilience et d’équité. 

Elle vise aussi à concrétiser les quatre améliorations (en matière de production, de nutrition, d’environnement et de conditions de vie), sans laisser personne de côté. 

Des instances multilatérales, comme le G20, le G7 et le groupe BRICS (Brésil, Fédération de Russie, Inde, Chine et Afrique du sud), ont accueilli la transformation bleue de la FAO et les Directives pour une aquaculture durable du Comité des pêches comme deux outils importants au service de l’intensification et de l’expansion de l’aquaculture durable. 

En outre, dans le cadre des festivités du 80e anniversaire de la FAO cette année, nous lançons une initiative visant à récompenser des solutions techniques, qui illustrent les pratiques et les innovations efficaces ayant contribué au développement responsable et durable des pêches et de l’aquaculture. 

La mise en place d’une aquaculture durable dans le cadre de l’économie bleue exige de trouver un équilibre entre croissance économique, protection de l’environnement et équité sociale. Cela suppose de prendre plusieurs mesures: 

Premièrement, il faut adopter des pratiques respectueuses de l’environnement, telles que: 

  • l’aquaculture intégrée multitrophique, qui associe la culture de poissons, de crustacés, de mollusques et d’algues pour créer un écosystème équilibré dans lequel les déchets d’une espèce servent de nourriture à une autre; 
  • les systèmes aquacoles à recirculation de l’eau, qui forment un circuit fermé pour recycler l’eau, réduire la pollution et empêcher la propagation des maladies; 
  • les solutions de substitution durables en matière d’alimentation animale, qui permettent de remplacer les farines de poisson par des protéines d’origine végétale, des algues ou des aliments à base d’insectes, afin de réduire la pression sur les stocks de poissons sauvages. 

Deuxièmement, il faut veiller à protéger les écosystèmes et la biodiversité, ce qui passe notamment par: 

  • la sélection des sites pour s’éloigner des habitats sensibles (mangroves, récifs de corail), et le recours à des outils d’aménagement de l’espace (systèmes d’information géographique) pour déterminer les zones à faible impact; 
  • la gestion des maladies et des parasites au moyen de mesures de biosécurité (vaccination, sélection), afin d’utiliser le moins possible les produits chimiques (antibiotiques, pesticides); 
  • des mesures de restauration, qui associent l’aquaculture à la remise en état des habitats (par exemple, la restauration des récifs d’huîtres servant à la filtration de l’eau et la replantation de mangroves). 

Troisièmement, il faut renforcer les avantages sociaux et économiques, en misant notamment sur: 

  • l’aquaculture à assise communautaire, qui vise à faire participer les pêcheurs locaux et les petits aquaculteurs à la cogestion afin d’assurer une distribution équitable des revenus; 
  • la certification et l’écoétiquetage, pour encourager l’adoption de normes comme celles de l’Aquaculture Stewardship Council ou du Conseil d’intendance des mers afin d’améliorer l’accès au marché; 
  • l’inclusion des femmes et des jeunes, l’objectif étant de fournir des formations et des financements aux groupes sous-représentés afin de promouvoir une croissance équitable. 

Quatrièmement, il faut exploiter la technologie et l’innovation, entre autres: 

  • le suivi à l’aide de l’intelligence artificielle et de l’internet des objets, qui consiste à utiliser des capteurs et des drones afin de surveiller la qualité de l’eau, la santé des poissons et l’efficacité de l’alimentation; 
  • les sources d’énergie de substitution, qui permettent d’alimenter les exploitations avec de l’énergie solaire, éolienne ou marémotrice, afin de réduire leur empreinte carbone; 
  • l’amélioration génétique, qui permet de mettre au point, par sélection, des souches résistantes aux maladies et à croissance rapide. 

Cinquièmement, il faut renforcer la gouvernance et les politiques et faire appliquer les réglementations, de sorte à pouvoir mettre en oeuvre des mesures fondées sur des données scientifiques en ce qui concerne la densité de peuplement, la maîtrise des effluents et l’utilisation des antibiotiques. 

Sixièmement, il faut adopter des stratégies de résilience face au changement climatique, notamment: 

  • s’adapter à la hausse des températures, et se tourner vers des espèces tolérantes à la chaleur (par exemple, le tilapia et les algues); 
  • réduire les émissions de carbone, optimiser l’efficacité de l’alimentation, utiliser des bateaux électriques et adopter des techniques d’élevage ayant une faible incidence sur l’environnement. 

Septièmement, il faut s’inspirer des études de cas et des modèles de réussite, tels que: 

  • l’élevage durable du saumon en Norvège, qui s’appuie sur une réglementation stricte et des systèmes aquacoles à recirculation de l’eau; 
  • le système sylvo-aquacole pour l’élevage de crevettes au Bangladesh, qui associe crevetticulture et préservation des mangroves; 
  • le programme de pacage en mer de la Chine, qui s’appuie sur des récifs artificiels pour reconstituer les stocks de poissons parallèlement à la pratique de l’aquaculture. 

Chères et chers collègues, 

Si nous voulons encourager le développement de l’aquaculture durable dans le cadre de l’économie bleue, nous devons mettre à profit la technologie, faire appliquer les politiques, faire participer les populations et adopter des approches écosystémiques. 

En limitant les préjudices environnementaux et en maximisant les avantages sociaux et économiques, l’aquaculture peut contribuer à la sécurité alimentaire sans nuire à la santé des océans ou des lacs. 

Continuons ensemble à promouvoir une aquaculture durable qui s’appuie sur la science et à faire campagne pour la consommation d’aliments aquatiques, dans l’intérêt de la santé de l’humanité et de la planète. 

Je vous remercie pour votre attention.