Les pays des zones arides se réunissent en Tunisie pour promouvoir des solutions fondées sur la nature pour une gestion durable des terres et de l’eau

©FAO
Des responsables et des experts d’Algérie, du Botswana, d’Iraq, de Jordanie, du Liban, du Malawi, de Tanzanie, de Tunisie, du Yémen et du Zimbabwe se sont réunis à Hammamet du 12 au 16 mai pour un atelier interrégional axé sur la promotion des approches intégrées et fondées sur des preuves en matière de gestion des terres et de l’eau dans les zones arides.
Dans son allocution d’ouverture, le Secrétaire d’État auprès du ministre tunisien de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, M. Hamadi Habaieb, a souligné l’urgence de ces questions: «Dans nos régions arides et semi-arides, l’eau a toujours été précieuse. Aujourd’hui, face au changement climatique, à l’urbanisation croissante et à l’évolution des besoins agricoles, elle devient un enjeu central, mais aussi une formidable opportunité de transformation».
Tenu dans le cadre du 80e anniversaire de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), cet atelier a été co-organisé sous l’égide du réseau KHIBRA par le Bureau régional de la FAO pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord (FAO RNE), la Plateforme technique interrégionale sur la rareté de l'eau (iRTP-WS) et le Programme d'impact sur la durabilité des paysages des zones arides (DSL-IP).
Fidaa Haddad, Fonctionnaire principale chargée de programme à la FAO RNE, a présenté la plateforme KHIBRA, expliquant comment celle-ci favorisera le partage et la mise à l’échelle des bonnes pratiques entre les pays et les régions. Sous le thème «Approches intégrées et bonnes pratiques fondées sur des preuves en matière de gestion durable des terres (GDT) et de gestion durable des forêts (GDF) pour faire progresser l’intégration des écosystèmes eau-énergie-alimentation (WEFE)», l’atelier a mis l’accent sur le rôle des solutions fondées sur la nature (SFN) dans la lutte contre des défis tels que la sécheresse, la désertification, la pénurie d’eau et la perte de biodiversité.
Mohamed Amrani, Fonctionnaire principal des politiques au Bureau régional de la FAO pour l’Afrique du Nord, a souligné la portée mondiale de la dégradation des terres : «Environ 25 pour cent des terres de la planète sont dégradées, ce qui affecte le bien-être de plus de 3,2 milliards de personnes. Parallèlement, les forêts continuent de disparaître à un rythme alarmant, avec une perte nette de 4,7 millions d’hectares par an dans le monde entre 2015 et 2020». Il a ajouté: «L’interdépendance entre l'eau, l’énergie, les systèmes alimentaires et les écosystèmes est de plus en plus reconnue comme vitale pour parvenir à un développement durable et à la résilience climatique».
Les participants ont partagé leurs expériences en matière de lutte contre la dégradation des terres, d'amélioration de la résilience à la sécheresse et d’application des SFN, tout en explorant l’intégration du nexus eau-énergie-alimentation-écosystèmes (WEFE).
Deux méthodologies élaborées dans le cadre du DSL-IP ont été présentées: la Méthodologie d'évaluation intégrée des paysages (ILAM), qui soutient la prise de décision fondée sur des preuves au niveau du paysage, et le Cadre de production durable des paysages (SLPF), qui vise à atteindre la neutralité en matière de dégradation des terres grâce à une meilleure gestion des terres, à des chaînes de valeur vertes et à la diversification des cultures.
L’atelier a également présenté le WEFE-Engine, un nouvel outil d’aide à la décision en libre accès développé conjointement par la FAO RNE, et le Bureau régional de la FAO pour l’Asi et le Pacifique (FAO-RAP) et FutureWater. Il intègre la comptabilité de l’eau à l’analyse du nexus WEFE, ce qui permet aux utilisateurs de modéliser les concessions réciproques et les synergies entre les secteurs en plus de planifier des scénarios futurs à l’aide de données mondiales et locales. Les participants ont donné leur avis sur son application pratique dans les zones arides.
Dans le cadre de cette expérience pratique, les participants ont pris part à une visite sur le terrain organisée en collaboration avec le Commissariat régional au développement agricole de Kairouan (CRDA). La visite a débuté dans la région de Chebika, où les participants ont visité une école pratique d'agriculture sur le blé à Bir El Mellalsa et ont discuté des pratiques durables avec les agriculteurs. La visite s’est ensuite poursuivie à «L'Ombre du Palmier», un site écologique pilote situé à Hajeb Laayoune, afin d'observer des pratiques agricoles durables adaptées aux conditions climatiques de la région.
L’atelier a également mis en évidence les progrès réalisés dans le cadre de l’Initiative régionale de la FAO sur la pénurie d’eau au Proche-Orient et en Afrique du Nord et de la mise en œuvre du DSL-IP en Afrique et en Asie centrale, renforçant ainsi le pouvoir du partage des connaissances et de l’innovation pour relever les défis liés aux terres arides.