Bureau régional de la FAO pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord

Gaza : L’action immédiate doit combiner l’aide d’urgence et le rétablissement de la production alimentaire locale

La dernière évaluation géospatiale de la FAO et de l’UNOSAT met en évidence l’impact dévastateur du conflit sur les infrastructures des systèmes agroalimentaires

du conflit sur les infrastructures des systèmes agroalimentaires Une évaluation géospatiale réalisée par la FAO et UNOSAT entre octobre et décembre 2024 révèle que l'étendue des dommages causés aux terres agricoles de Gaza a atteint des niveaux sans précédent.

©FAO/Yousef Alrozz

28/01/2025

Le cessez-le-feu est la première étape de l’acheminement des secours d’urgence et du rétablissement de la production alimentaire locale dans la bande de Gaza, où plus de 2 millions de personnes ont besoin d’une aide urgente à cause de l’effondrement de la production agricole, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

« Le cessez-le-feu offre une opportunité cruciale pour faire face à la crise alimentaire catastrophique à Gaza en permettant l’acheminement de l’aide d’urgence et en lançant les premiers efforts de redressement. Mais ce n’est que le début d’un long voyage pour se remettre de la dévastation. Nous aurons besoin d’une paix durable et d’un accès permanent pour répondre aux immenses besoins et veiller à ce que personne à Gaza ne soit laissé pour compte », a déclaré le Directrice générale adjointe de la FAO, Mme Beth Bechdol.

Mme Bechdol a indiqué que la FAO s’était engagée à assurer la sécurité alimentaire à long terme. Entre-temps, les efforts de redressement immédiats donneront la priorité à la reconstruction des infrastructures agroalimentaires, telles que les serres, les puits et les systèmes solaires, et à l’intensification des livraisons d’intrants agricoles essentiels pour rétablir la production alimentaire locale.

« Ces actions complémentaires, visant à renforcer la résilience, représentent un pont entre les activités à court terme et les interventions de développement à long terme pour aider les communautés à se reconstruire et à se remettre des crises, à retrouver l’espoir et à faire respecter le droit à l’alimentation », a déclaré Mme. Bechdol.

Le conflit qui dure depuis 15 mois a conduit à une situation d’insécurité alimentaire grave pour l’ensemble de la population de la bande de Gaza, certaines communautés étant au bord de la famine.

La dernière évaluation géospatiale réalisée par la FAO et le Centre satellitaire des Nations Unies (UNOSAT) entre octobre et décembre 2024 révèle que l’étendue des dommages causés aux terres agricoles de Gaza a atteint des niveaux sans précédent.

Selon l’évaluation, 75 pour cent des champs autrefois utilisés pour les cultures, ainsi que les vergers d’oliviers, ont été endommagés ou détruits. Plus des deux tiers des puits agricoles (1 531 au total) ne fonctionnent plus, ce qui paralyse l’irrigation. Les pertes de bétail s’élèvent à 96 pour cent, la production de lait s’est presque arrêtée et seulement 1 pour cent des volailles sont encore en vie. Le secteur de la pêche est également au bord de l’effondrement, ce qui aggrave encore l'insécurité alimentaire.

« L’agriculture doit être au cœur des efforts d’aide d’urgence et de redressement », a affirmé Mme. Bechdol. « Les mesures immédiates doivent combiner l’aide d’urgence (nourriture, eau et aide médicale) et le rétablissement de la production alimentaire locale. Soutenir les agriculteurs, les éleveurs et les pêcheurs aujourd’hui, c’est s'assurer une alimentation fraîche et nutritive demain », a-t-elle souligné.

Avant le début du conflit, l’agriculture représentait environ 10 pour cent de l’économie de Gaza, et plus de 560 000 personnes dépendaient entièrement ou partiellement de la culture, de l'élevage ou de la pêche pour leur subsistance. La valeur des exportations agricoles et halieutiques de Gaza, principalement des produits frais comme les fraises, les tomates, les concombres, les aubergines, les poivrons et le poisson, s’élevait à 67,3 millions de dollars en 2022.

Selon la FAO, la reconstruction du secteur agricole de Gaza sera extrêmement coûteuse et prendra des années, voire des décennies.

Dans le futur immédiat, la FAO a besoin de 74,5 millions de dollars pour aider 154 100 agriculteurs, éleveurs, pêcheurs et femmes en leur fournissant des intrants agricoles d’urgence et un soutien technique, dans l’hypothèse d’une stabilité continue assurée par le cessez-le-feu et l’amélioration des conditions d’accès et de livraison. Investir dans l’agriculture permettra de restaurer la dignité, de garantir une alimentation nutritive et de jeter les bases d’un système agroalimentaire résilient et autonome à Gaza.

La levée de l’interdiction des importations privées est également essentielle pour intensifier les efforts humanitaires, réactiver la production alimentaire locale et garantir un approvisionnement alimentaire diversifié en complément de l’aide humanitaire. La reprise des importations commerciales à grande échelle est indispensable pour permettre aux efforts de réhabilitation de démarrer.

La réponse d’urgence de la FAO

Jusqu'à présent, la FAO a distribué du fourrage à environ 4 800 éleveurs de tous les gouvernorats de la bande de Gaza et des kits vétérinaires à quelque 2 400 familles d’éleveurs. Le 23 janvier, deux camions transportant un total de 30 tonnes d’orge ont été chargés en Egypte et sont en route pour Gaza. Les 70 tonnes d'orge restantes sont prépositionnées en Egypte, tandis qu'environ 2 200 tonnes de fourrage concentré doivent entrer à Gaza via Israël.

La FAO fournit également des bâches en plastique pour les serres, des vaccins, des blocs d'énergie et des abris en plastique pour les animaux. Ces fournitures sont essentielles pour rétablir la production alimentaire, protéger les animaux et restaurer les moyens de subsistance.

En prévision d’une transition en douceur de l’urgence à la réhabilitation, au redressement rapide et à la reconstruction, la FAO est également prête à réactiver la mise en œuvre sur le terrain des projets suspendus en raison du conflit. Cela permettra d'injecter environ 20 millions de dollars dans l’économie locale pour soutenir les efforts de réhabilitation des agriculteurs, des éleveurs de bétail et des pêcheurs.

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