Faciliter l’accès à la protection sociale pour les populations rurales: enseignements tirés des registres d’agriculteurs au Proche-Orient et en Afrique du Nord

©FAO/Anis Mili
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a organisé un dialogue régional virtuel afin d’examiner dans quelle mesure les registres d’agriculteurs peuvent contribuer à des politiques agricoles et de protection sociale plus inclusives dans la région du Proche-Orient et de l'Afrique du Nord (NENA).
Les registres d’agriculteurs sont des systèmes numériques qui collectent et gèrent des données sur les agriculteurs et leurs exploitations, permettant ainsi de mieux cibler et de coordonner les programmes d’aide. Si les pays de la région en sont à différents stades de mise en œuvre, ces systèmes sont de plus en plus reconnus comme des outils essentiels pour la conception et la mise en œuvre des politiques.
Cet événement a réuni des représentants gouvernementaux, des experts techniques et des partenaires de développement afin de partager leurs expériences et les enseignements pratiques tirés de la mise en œuvre au niveau des pays. Il a également marqué le lancement d’une nouvelle publication de la FAO analysant les registres d’agriculteurs au Maroc, en Jordanie et au Liban.
«Les pays doivent investir dans des systèmes numériques qui connectent les agriculteurs de manière plus inclusive aux institutions, aux services et aux politiques», a déclaré Dalia Abulfotuh, Économiste à la FAO.
«Les registres d’agriculteurs s’avèrent essentiels pour identifier les agriculteurs vulnérables, améliorer la coordination entre les secteurs et soutenir la conception de programmes plus stratégiques et fondés sur des données», a ajouté Greta Campora, Spécialiste de la protection sociale et de l'inclusion économique à la FAO.
Au Maroc, Faress Yahya, Chef de la Division de la protection sociale des agriculteurs au Ministère marocain de l'agriculture, a expliqué comment le Registre national agricole s’aligne sur les stratégies agricoles nationales et les réformes de la protection sociale. «Nous avons élaboré un cadre juridique qui définit les objectifs du registre et garantit son alignement sur nos réformes plus larges. Le système nous aide à identifier les agriculteurs vulnérables et à les mettre en relation avec les services», a-t-il déclaré.
Au Liban, Rima El Hajjar, Cheffe du Service économique et marketing et Point focal du Registre d’agriculteurs au sein du Ministère libanais de l’agriculture, a indiqué que le registre avait débuté en tant que projet pilote avant d’être élargi à un système national en 2021, avec l’appui de la FAO et de l’Union européenne. «À ce jour, environ 48 000 personnes se sont inscrites. L’objectif est de favoriser l’élaboration de politiques fondées sur des preuves et d’assurer une répartition équitable du soutien», a-t-elle déclaré.
En Jordanie, Khalid Al Heesa, Secrétaire général adjoint chargé des projets et du développement rural au Ministère jordanien de l’agriculture, a présenté les efforts entrepris par le pays pour développer un système numérique intégré centralisant les données agricoles. «Notre registre inclut des données à la fois sur les Jordaniens et les non-Jordaniens, y compris les réfugiés. Nous utilisons le GPS et d’autres outils numériques en temps réel pour collecter et vérifier les données, qui sont ensuite partagées entre les ministères pour une validation croisée», a-t-il expliqué.
Les intervenants ont également réfléchi à la manière dont les registres d’agriculteurs sont reliés aux systèmes nationaux de protection sociale. Au Maroc, le registre appuie le ciblage des modèles de protection sociale, bien que les infrastructures et les capacités administratives demeurent des défis majeurs. Au Liban, des efforts sont en cours pour intégrer le registre avec le Ministère des affaires sociales, délivrer des cartes d’identification aux agriculteurs et fournir des permis de travail dûment documentés aux travailleurs agricoles. En Jordanie, plus de 120 000 personnes et 70 000 exploitations agricoles sont désormais enregistrées, avec une attention particulière à la maintenance des données, à la gouvernance au niveau local et à la mise à l’échelle du système avec un soutien international continu.
Valentina Barca, Spécialiste indépendante de la protection sociale et des registres, a conclu la rencontre en insistant sur l’importance d’une coordination institutionnelle renforcée entre les ministères, de cadres juridiques et politiques solides, ainsi que d’investissements durables dans les capacités nationales. Elle a mis en exergue la nécessité de créer des écosystèmes de données intégrés, capables de connecter les registres d’agriculteurs aux autres systèmes nationaux.
Dans le cadre de ces efforts, les gouvernements ont désormais accès à un ensemble de standards mondiaux développés par l’Initiative Digital Convergence (ICN), avec la contribution de la FAO. Ces lignes directrices fournissent une feuille de route pour permettre l’interopérabilité entre les registres d’agriculteurs et les systèmes de données sociales plus larges, soutenant ainsi une prestation de services plus intégrée et inclusive.
La FAO reste déterminée à aider les pays de la région NENA à développer des registres d'agriculteurs inclusifs et interopérables qui servent de pont vital entre le développement agricole et la protection sociale.