Bureau régional de la FAO pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord

Revitalisation des agroécosystèmes oasiens de Drâa-Tafilalet


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©FAO/Hassan Chabbi

25/11/2024

Les oasis vitales de Drâa-Tafilalet: préserver la vie et le patrimoine au cœur des communautés du désert marocain 

La région marocaine de Drâa-Tafilalet est réputée pour ses oasis pittoresques couvrant près de 90 pour cent de la zone et assurant la survie de sa population autochtone résiliente et son patrimoine culturel riche. Ces havres de verdure qui regorgent de palmiers-dattiers ainsi que d’une flore et d’une faune diversifiées, sont primordiaux pour l’agriculture et les moyens de subsistance locaux, en particulier pour les femmes qui représentent plus de 50 pour cent des bénéficiaires des initiatives de développement. Des initiatives qui reflètent le rôle intégral des oasis dans la promotion de l’égalité des sexes et du développement durable. 

Alors qu’importantes, ces oasis sont confrontées à des défis considérables, notamment la croissance démographique, le changement climatique, la pénurie d’eau, la désertification, les politiques et les investissements inadéquats. Ces facteurs ont provoqué une grave dégradation de l’environnement, des mouvements de migration et un déclin des opportunités d’emploi. Les systèmes traditionnels de gestion de l’eau, tels que les khettara, se détériorent aggravant les pénuries d’eau. La biodiversité locale, notamment l’abeille jaune saharienne, est menacée et la productivité agricole a diminué. Pour relever ces défis, la FAO et ses partenaires ont lancé une initiative visant à inverser ces tendances et à restaurer la santé de ces communautés et des écosystèmes fragilisés. 

Par ailleurs, les seguias - des canaux d'irrigation traditionnels à ciel ouvert - vitales pendant des siècles pour les oasis du Maroc car canalisant l’eau des rivières et des sources souterraines pour soutenir l’agriculture et les communautés locales, ont été confrontées à plusieurs défis. Au fil du temps, face à la négligence, au changement climatique et aux pratiques agricoles modernes, l'efficacité de ces structures a connu une nette réduction, et dans certains cas, elles ont été abandonnées. 

©FAO/Hassan Chabbi

Exploiter les informations et les connaissances pour un développement durable des oasis 

Le projet devrait porter ses fruits à la fin de sa phase opérationnelle. L’Agence nationale pour le développement des zones oasiennes et de l’arganier (ANDZOA) et divers ministères ont été dotés des données, des connaissances et de l’expertise essentielles pour améliorer la planification et les actions futures. Parmi les principales réalisations, on citera la comptabilité de l’eau complète de cinq grands bassins hydrographiques et les évaluations détaillées de la biodiversité, permettant de comprendre en profondeur les écosystèmes locaux. L’érosion des sols et le potentiel touristique ont été cartographiés pour ainsi identifier les zones de conservation et de développement. 

Le projet a également produit cinq plans de gestion durable intégrée, chacun offrant un cadre stratégique pour le développement durable, en plus de cinq plans d’investissement budgétisés pour la durabilité à long terme. En outre, 31 PAC ont été élaborés pour répondre aux besoins spécifiques des communautés.

Plus de 15 études de faisabilité ont été réalisées, offrant des informations pratiques pour plusieurs agences. Une des études comprend un modèle de revitalisation du système de khettara, essentiel pour l’irrigation dans les oasis, et une autre étudie la réutilisation des déchets de palmiers et leur transformation en aliments pour animaux et compost. Des stratégies de gestion des eaux usées ont, également, été mises en œuvre dans des zones urbaines telles que Gourrama et Guers Tiaallaline afin d’améliorer la gestion des eaux urbaines.

Démontrer l’engagement par des actions tangibles 

Le projet a abouti à des résultats tangibles grâce à des interventions directes, en favorisant la confiance et la participation active des communautés. Les murs de pierre construits dans six municipalités ont protégé 1 200 ha de terres, profitant à 9 000 personnes, dont plus de la moitié sont des femmes. La réhabilitation des khettara et des seguias dans 12 municipalités a permis d’améliorer l’irrigation de 4 940 ha, bénéficiant à 18 440 personnes, dont 55 pour cent sont des femmes. Reconnaissant l’importance des seguias, un projet a été lancé, à l’initiative des autorités marocaines, pour la réhabilitation, la restauration et la préservation de ces systèmes d'irrigation.

Des mesures de protection des routes pastorales, incluant les points d’eau alimentés par l'énergie solaire et les abris contre la neige, ont été déployées sur une superficie de 64 000 ha, bénéficiant à 18 820 personnes. Par ailleurs, 1 900 personnes ont été équipées de systèmes d’eau potable alimentés par l’énergie solaire, et 2 400 habitants ont bénéficié de la réhabilitation du réseau d'eau de Ketaoua. Les initiatives d’énergie solaire pour l’irrigation ont permis de cultiver 1 280 ha au profit de 6 400 personnes. La collecte des déchets solides à Siroua a aidé 1 560 résidents. Les femmes représentaient plus de la moitié des bénéficiaires de toutes ces initiatives.

Renforcer les opportunités économiques pour les petits exploitants 

Le projet visait à améliorer les perspectives économiques des petits exploitants en renforçant la résilience, la diversité et la durabilité de l’agriculture oasienne. Les personnes impliquées étaient au cœur de cette réussite. D’ailleurs, l’accent a été mis sur le soutien aux organisations de producteurs telles que les coopératives, les groupements d’intérêt économique et les associations. En adoptant une approche fondée sur la chaîne de valeur et en mettant l’accent sur l’égalité des sexes, le renforcement des capacités a été un objectif central. 

La création d’un centre spécialisé dans la protection de l’abeille jaune saharienne, une espèce qui prospère dans la région de Draa-Tafilalet depuis 2 000 ans et connue pour sa résilience et sa nature douce, a été l’une des réalisations notables du projet. Le centre a élevé plus de 2 000 reines d’abeilles, ensuite distribuées aux apiculteurs locaux pour soutenir l’apiculture régionale. En collaboration avec ONU Femmes, le projet a mené une étude visant à améliorer les conditions de vie de 1 000 femmes vivant dans les oasis, et ce, en explorant les opportunités de digitalisation.

Des évaluations techniques menées à Toundoute, Iminoulaouene et Jorf ont conduit à l’installation d’équipements pour la transformation des amandes et l’amélioration du stockage des dattes, renforçant ainsi l’efficacité et la résilience des chaînes de valeur agricoles locales. Le projet a également mis en place des unités de compostage et de production de biochar à Jorf et Aarab Sebbah Gheris, appuyant ainsi une gestion plus efficace des déchets des palmiers-dattiers et la promotion des pratiques durables. Ces initiatives contribuent à la durabilité économique et environnementale de la région. 

Un modèle de gestion durable des oasis 

Le projet OASIL est un modèle d'excellence en matière de gestion durable des oasis. Il illustre l’impact profond d’interventions bien coordonnées et durables. Grâce à des efforts collaboratifs impliquant la FAO, l’ANDZOA, le Ministère de l’agriculture, celui de l’environnement et divers autres partenaires, le projet a revitalisé les oasis de Drâa-Tafilalet. Il a permis aux communautés locales de prendre en main leur avenir en intégrant des connaissances exploitables, en encourageant l’engagement communautaire et en réalisant des investissements stratégiques. Dans un contexte où d’autres régions sont confrontées à des défis similaires, le projet OASIL se présente comme une référence pour les initiatives futures, offrant un modèle précieux pour la préservation et l’amélioration des paysages oasiens dans des environnements fragiles.