Centre d'investissement de la FAO

Programme Cacao durable : Améliorer les moyens de subsistance de millions de cultivateurs de cacao en Côte d'Ivoire

Principaux cacao acteurs à Abidjan, Côte d'Ivoire

©FAO/Kéi Dominique

15/04/2025

Le 18 mars 2025, les principales parties prenantes se sont réunies à Abidjan pour un atelier organisé par le Centre d'investissement de la FAO et l'Union européenne (UE) afin de faire un point sur les avancées du Programme cacao durable (SCP) en Côte d'Ivoire. L'événement a réuni les autorités ivoiriennes et les partenaires de mise en œuvre du programme, notamment le Centre d'investissement de la FAO, la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ), l'Institut européen de la forêt (EFI) et le Centre commun de recherche (CCR) de la Commission européenne. 

Les discussions ont porté sur la promotion de la durabilité économique, environnementale et sociale du secteur du cacao, avec une attention particulière sur la garantie d'un revenu décent pour les petits producteurs de cacao. Les participants ont également exploré des stratégies visant à soutenir la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Cacaoculture Durable (SNCD) et à aligner le secteur sur les principales réglementations européennes, telles que le règlement de l'UE sur la déforestation (RDUE) et la directive sur le devoir de diligence des entreprises en matière de durabilité (CS3D). 

Une vision pour un cacao et des partenariats durables  

Hervé Aka N'Zai, responsable de la cellulle de coordination de la coopération Union européenne-Côte d'Ivoire, a souligné le rôle vital du cacao dans l'économie : « Plus de 6 millions de personnes dans notre pays vivent de la culture du cacao, un secteur stratégique de notre économie qui contribue à 14% du PIB et à 45% de nos recettes d'exportation ». 

Il a ensuite souligné la vision à long terme du pays pour l'industrie : « La vision de la Côte d'Ivoire est de développer une chaîne de valeur du cacao qui soit rémunératrice pour les producteurs, durable et respectueuse de l'environnement, où les droits de l'homme sont préservés et les enfants protégés contre toutes les formes d'exploitation et d'abus. » 

En tant que premier pays exportateur mondial de cacao, la Côte d'Ivoire s'est engagée à créer une chaîne de valeur du cacao équitable et durable qui soutient les petits producteurs, les femmes et les jeunes. En 2022, le gouvernement a adopté une stratégie nationale pour un cacao durable, renforçant ainsi son engagement en faveur d'une chaîne de valeur équitable et respectueuse de l'environnement. 

Régis Méritan, chef du secteur Croissance agricole à la Direction générale des partenariats internationaux (INTPA) de la Commission européenne, a souligné que « l'UE et la Côte d'Ivoire s'acheminent vers la négociation d'un accord sur la facilitation des investissements durables (AFID), avec une annexe spécifique consacrée au cacao durable », et a poursuivi : « Cet accord représente la dernière pierre d'un partenariat à long terme entre l'UE et la Côte d'Ivoire, visant à assurer la durabilité et la compétitivité du secteur du cacao sur le marché mondial ». 

Soutenir la production durable de cacao 

Le plan d'action du programme SCP se concentre sur trois objectifs principaux : l'amélioration des revenus et du bien-être des cultivateurs de cacao, la lutte contre la déforestation et l'éradication du travail des enfants. Le programme soutient notamment l'initiative Différentiel de Revenu Décent (DRD), un effort conjoint entre la Côte d'Ivoire et le Ghana lancé en 2019 pour améliorer les revenus des cultivateurs de cacao.  

En termes de production durable, le programme soutient les coopératives dans un projet pilote visant à appliquer la norme régionale africaine ARS 1000 - un ensemble de lignes directrices pour la production durable de cacao - et encourage le partage des connaissances entre les experts ivoiriens et camerounais sur les questions d'agroforesterie. 

La déforestation reste un défi. En utilisant une carte d'utilisation des terres en 2020, élaborée par le Bureau national d'études techniques et de développement de Côte d'Ivoire (BNETD) - avec le soutien de la FAO, du CCR et de l'EFI - le programme améliore la surveillance des forêts, renforce les systèmes d'alerte à la déforestation et contribue à la protection de zones clés pour la biodiversité, notamment les forêts classées de Bossématié et de Mabi Yaya. 

Le programme s'intéresse également au travail des enfants, conformément à la stratégie nationale 2022 pour un cacao durable. Il a cartographié les structures de protection de l'enfance dans la région du Cavally, soutenu la Direction ivoirienne de lutte contre le travail des enfants (DLTE) dans la mise en œuvre du Système de suivi et d'observation du travail des enfants (SOSTECI) et étudié l'alignement de la prévention du travail des enfants avec la directive européenne sur le devoir de diligence des entreprises en matière de développement durable (CS3D). 

Joseph Nyemah, Représentant de la FAO en Côte d'Ivoire, a souligné : « Le secteur est confronté à de nombreux défis, notamment la volatilité des cours mondiaux et les effets du changement climatique. Même si les tendances du marché sont actuellement favorables aux producteurs, nous devons résolument continuer à appuyer la filière pour renforcer sa résilience face à ces différents aléas ». 

En tant que partenaire clé du programme SCP, la FAO joue un rôle crucial dans la promotion de pratiques agricoles durables dans le secteur du cacao en Côte d'Ivoire. Elle contribue activement à la surveillance de la déforestation, à la diffusion des connaissances sur l'agroforesterie et au renforcement des capacités des agriculteurs, en veillant à ce que la durabilité environnementale reste au cœur de la production de cacao.  

Une subvention de 10 millions de dollars du Fonds vert pour le climat, conçue et mise en œuvre avec l'appui technique de la FAO depuis 2020, soutient les efforts de la Côte d'Ivoire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, renforcer la résilience et atténuer les effets du changement climatique. Cela passe par la fin à la déforestation liée à l'agriculture, l’amélioration de la productivité agricole, la préservation de la biodiversité, la reconstitution du couvert forestier et l’amélioration des moyens de subsistance des agriculteurs. Le projet soutient environ 7 550 agriculteurs, dont un tiers de femmes. 

Investissement dans la production durable de cacao 

L'initiative Team Europe pour une cacaoculture durable en Côte d'Ivoire (TEI) a engagé 650 millions d'euros (426 milliards de francs CFA) pour renforcer la durabilité économique, environnementale et sociale du secteur du cacao dans le pays. En janvier 2025, la Banque Nationale d'Investissement de Côte d'Ivoire (BNI) et la Banque Européenne d'Investissement (BEI) ont lancé un partenariat de 100 millions d'euros soutenu par l'UE pour soutenir l'emploi des jeunes, l'égalité des sexes et la durabilité. Cette initiative, qui bénéficie d'une garantie de l'UE, s'inscrit dans le cadre de la stratégie Global Gateway, qui vise à promouvoir l'investissement responsable dans les chaînes d'approvisionnement mondiales tout en respectant des normes élevées en matière d'environnement et de travail. 

Le programme SCP, financé par l'UE et doté d'un budget de 35 millions d'euros, bénéficie directement à des millions d'Ivoiriens. Dans le cadre du soutien de l'UE au secteur cacaoyer ivoirien, le programme SCP est mis en œuvre par des organisations clés, notamment le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), l'Organisation internationale du travail (OIT), l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), l'Agence belge de développement (ENABEL) et des organisations non gouvernementales telles que Information, Coordination, Conférences (INKOTA), Initiatives pour le développement communautaire et la conservation de la Forêt (IDEF) et Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD).